Le samedi 22 mai 1971 j'allai au Mexique rencontrer Sonora don Juan Matus, un sorcier indien yaqui dont j'avais depuis dix ans ete l'apprenti. Maintes et maintes lois je lui avais rendu visite et celle-ci n'aurait dte en rien differer des autres. Cependant les evenements de ce jour et des suivants eurent pour moi une influence decisive:mon apprentissage prit fin. Et cette fois-ci il ne s'agissait pas d'un abandon arbitraire de ma part, mais d'une fin logique en soi.
En toi rien n'a vraiment change. ,, Ainsi se terminait le precedent livre de Carlos Castaneda, Voir (Les enseignements d'un sorcier yaqui). C'est le meme sorcier indien, don Juan Matus, qui constitue la figure ce/ltrale du Voyage it Ixtlan.
Deux conceptions du monde s'affrontent ici. Elles ont pour enjeu la conscience de l'auteur qui se voit soumis 5. un deconditionnement intensif, auquel il se prete avec curiositY, tout en s'efforgant de comprendre ce qui lui arrive. Ainsi s'op&re une initiation deroutante a la faveur de laquelle l'Occidental penetre toujours plus profond&ment dans le monde mental de son guide. Initiation qui ne va pas sans rebellion, scepticisme et repentirs, sans parler des terribles angoisses qu'elle impose au neophyte. Initiation qui se poursuivra pendant dix ans et prendra fin sur une illumination qui forme la derniere partie du livre.